Porquerolles et Hyères en une journée
Ce récit est une contribution de ma ghostwriter préférée, une voyageuse au long cours qui aime immortaliser voyages ou virées avec dérision et précision. Il vous donnera peut être envie de sauter dans une navette et partir à la découverte (en VTT ou à pieds) de cette merveilleuse île préservée aux eaux limpides et au silence monacal. Si vous avez le mal de mer, il vous reste l’option Hyères, tout aussi enrichissante.
Qu’importe la météo…
- « Les dates de la mi-octobre avaient été retenues depuis longtemps déjà, qu’importe la météo, il fera beau puisque c’est une sortie AVF sous la conduite de P. et de J., son adorable petite chienne, un berger des Shetlands de 18 mois et d’H., toujours joyeux et efficace.
- En ces temps de crise, aller aux Iles d’Or c’est nous permettre de rêver un peu même si l’or nous ne le retrouverons que dans l’éclat du soleil, le sable à nos semelles et le sourire des dix neuf participants.
- Tout au bout de la presqu’île de Giens nous embarquons à la Tour Fondue pour une traversée de 15 minutes sur le Méditerranée VIII. La brochure de l’Office de Tourisme nous signale plus de 2 000 ans d’Histoire dans l’île qui a connu les Celtes, les Ligures, les Phocéens, les Grecs, les Romains. Plus près de nous elle fut achetée par François Joseph Fournier en 1912 pour l’offrir en cadeau de noces à sa femme, de retour du Mexique où il avait fait fortune. Le mariage fut heureux, l’idée généreuse et originale y a certainement contribué !
- L’île s’étend sur 7 km de long et 2,5 km de large. Fumer y est interdit.
- Nous avons un peu de temps avant le rendez-vous avec le guide, j’en ai profité pour admirer le petit port, m’étonner du nombre de loueurs de vélos, dont « Nanard », vélos en tout genre, souvent pourvus d’une petite remorque pour y loger ses enfants et vélos électriques.
- Je me disais, songeuse, que s’il y avait eu assez de participants masculins pour pédaler il y aurait eu des candidates pour se loger dans l’habitacle postérieur si étroit soit-il mais nous aurions manqué une promenade inoubliable avec notre guide naturaliste Denis.
Les Iles d’Or sont trois plus une : Porquerolles, Port-Cros, l’Ile du Levant (fréquentée par la Marine et des nudistes à Hélopolis (prochaine destination pour l’AVF ?) et Bagaud, réserve biologique intégrale à l’accès interdit sauf aux scientifiques. Elles font partie du Parc Naturel de Port-Cros créé en 1963 et doivent appliquer les règles du Parc.
Pins d’Alep et mérous
- C’est aussi le premier parc marin d’Europe qui a permis la protection du mérou. Il y a des falaises shisteuses de 50 à 70 m de hauteur. C’est un gros village pourvu de quatre plaines réservées à la culture de la vigne et de l’olivier. En plus du boisement naturel de chênes verts on dénombre des pins d’Alep aux aiguilles vert-jaune, des pins parasols, des palmiers-dattiers et phénix…A mi-parcours nous avons rejoint la Plage d’Argent et disputé l’espace sur un petit promontoire pour pique-niquer à quelques goélands frustrés et piailleurs et à des guêpes dont l’une a eu l’audace de piquer Y. à la lèvre.
- Au compte des nuisances on pourrait ajouter les rats, éradiqués depuis peu. On trouve, pour compenser, des serpents, des insectes, des oiseaux. Pour ma part j’ai regretté de ne pas rencontrer le plus long serpent connu dans ces contrées : 1,98m. Nous faisons la connaissance du Filao, une prêle géante archaïque, du Polygala à feuille de myrte en attendant tout le reste.
- Un scarabée noir, le « crache sang » nous coupe la route. S’il a peur il émet une petite goutte rouge à son extrémité qui pourrait se confondre avec du sang. Il doit espérer faire pitié.
- Le guide nous parle des chenilles processionnaires dont nous serions responsables en ayant traité les vignobles et supprimé leurs prédateurs naturels les boudragues, des sauterelles qui attaquaient les feuilles de vigne.
Tous les pins sauf les pins parasols dont les premiers seraient venus de Grèce en 600 avant J-C, ont des graines pourvues d’ailettes qui leur permettent de se ressemer en quantité.
Marins Marseillais à l’haleine irréprochable
- Le maquis est plus haut que la garrigue. On y trouve des bruyères qui peuvent atteindre 6m de haut, celles qui servaient à fabriquer les pipes, des genêts épineux adaptés à la sécheresse avec leurs épines, la salsepareille aux feuilles piquantes, le délice des Stroumpfs (reprenez vos livres d’enfant si vous avez un doute). Egalement le pistachier lentisque qui était utile pour l’hygiène de la bouche, à preuve l’haleine odorante des marins Marseillais du temps passé qui séduisaient les femmes plus sûrement que les chicots malodorants des marins moins chanceux qui ne connaissaient pas cette plante.
- Sont aussi présents les arbousiers dont nous nous croquons les fruits qui évoquent la fraise quand nous avons un petit creux en randonnée, les myrtes aux fruits bleu-noir, les bruyères à balai, les lavandes-papillons, les cistes collants de Montpellier à fleurs blanches et d’autres variétés roses. Beaucoup de faisans dans l’île, de rares chasseurs îliens autorisés.
- Actuellement cinq domaines viticoles de partagent l’île. Le hameau agricole abrite le Conservatoire Méditerranéen où l’on perpétue, entre autres, l’armoise, la barbe de Jupiter au feuillage gris vert, l’herbe à chat endémique qui émoustille les chats, la santoline, le laudanum auquel Cléopâtre aurait été sensible et qui aurait provoqué le déshonneur de César au profit d’Antoine, le palmier naturel nain. Le papillon le plus gros d’Europe s’échappe d’un arbousier pour nous survoler un instant, c’est le Jason porte-queue.
Plus grande collection au monde de végétaux méditerranéens
- Nous continuons notre promenade découverte par les vergers conservatoires pour préserver les plants les plus anciens ou les plus résistants. 70 espèces de mûriers (arbres), 60 figuiers, plus de 200 oliviers ; c’est la plus grande collection au monde.
- Le guide nous déclare que les lauriers roses sont en danger. On les a supprimés abusivement au profit des constructions. A ce propos leur sève est toxique. La flore et les arbres persistants de couleur sombre de la région ont été à l’origine du nom des Maures, les montagnes et des habitants car « Mauro » signifie « sombre » en provençal.
- Le chemin continue par la montée au Moulin du Bonheur. C’était un moulin pour moudre les céréales qui étaient la richesse de l’île. Il a été restauré avec le plus grand soin il y a dix ans. Il y a cent ans la forêt n’existait pas sur l’île mais des pâtures et cela contribuait à la richesse du Seigneur qui prélevait, comme c’est étrange, un impôt : le droit de ban. Le guide nous précise qu’on dit « meunier » pour celui qui active un moulin à grain et « moulinier » pour celui qui fait tourner un moulin à eau.
- Les îles étaient un lieu stratégique pour couper la route aux envahisseurs qui avaient l’intention d’attaquer Toulon. On se défendait des Sarrasins et des Anglais. Le fort de Ste Agathe où nous nous sommes rendus a été efficace car aucune invasion n’a été possible sur les îles. Du sommet on pouvait observer les Maures, l’ensemble de l’île de Porquerolles, la rade d’Hyères.
- Le vent se lève, la mer moutonne, le mistral nous défie. Il est temps de se faire secouer sur le bateau du retour vers la Tour Fondue. Nous arrivons à notre H Hôtel, agréablement situé dans un quartier calme à Hyères. Nous avons vécu toute la journée sous un grand soleil radieux.
Amoureux d’esthétisme et d’art, notez d’inclure la visite de la fondation Carmignac lors d’une échappée belle à Porquerolles.
Hyères médiévale
- Il fait bien frais ce jeudi 15 au matin même lorsque nous marchons vivement à la rencontre de notre guide pour la visite de la ville médiévale.
- Notre guide a un léger accent brésilien, comme elle nous l’avouera en fin de visite.
- Elle nous réunit place Georges Clemenceau pour situer le quartier par rapport à la ville haute où se trouvent sur le rocher du Piol (= shiste en provençal) les ruines du château des Seigneurs de Fos et la villa de la poétesse Anna de Noailles (1876 – 1933).
- Nous nous acheminons vers la Porte Médiévale, place des Salins et la Porte Massillon de style militaire qui garde la Grande rue. Nous ne pouvons nous retenir de jeter un coup d’œil intéressé aux prix des cèpes, des figues, des kakis et de nous exclamer à ce sujet.
- La Rue des Porches est surprenante avec ses ogives, ses meurtrières.
- Place du Portalet (=petite porte) deux portes ont été percées vers la mer pour élargir l’espace.
- Nous faisons un arrêt au niveau du Béal (=canal) et sommes surpris d’apprendre que du 15è au 17è siècle Hyères a produit du savon avant que Marseille ne reprenne l’activité. L’eau était justement disponible ainsi que l’huile d’olive, la saponaire. Il fallait faire cuire la préparation trois jours puis démouler, couper.
- Place Massillon nous rencontrons la statue de Jean-Baptiste Massillon né en 1663, célèbre entre tous pour avoir prononcé l’oraison funèbre de Louis XIV et écrit « Le petit carême » ; c’était l’évêque de Clermont, il était académicien et prédicateur réputé.
- La tour de la Commanderie des Templiers indique que les moines-soldats étaient indispensables pour les seigneurs partant en croisade. Les fermes templières approvisionnaient la ville et les navires des croisés.
- Nous montons bravement vers la ville haute. Des accès pour les voitures ont été prévus en contournant la vieille ville. Des pentes n’hésitent pas à afficher 20 % Une porte nous intrigue. La voûte est peinte de bleu ciel et criblée d’étoiles.
- Elle marque le souvenir de Saint Louis, de retour de la septième croisade en 1254 Malade, il s’était réfugié avec une vingtaine de galions dans la baie de Hyères et y était resté quelques mois. Les couleurs de la voûte sont celles du drapeau royal.
- Plus loin la Collégiale St Paul est romane, gothique et est surmontée d’un clocher provençal ajouré. On nous indique au passage, toujours en montant des pentes assez raides ou des escaliers, des traces de maisons romanes.
- Nous arrivons enfin au Castel Sainte Claire bâti sur les restes d’un convent. Le castel a été la propriété du Colonel Olivier Voutier qui découvrit la Vénus de Milo le 8 avril 1820 Il fût héros de l’indépendance grecque, mourut à Hyères et fut enterré dans le jardin le 19 avril 1877.
- Le jardin est répertorié dans les guides comme « Jardin remarquable ». A partir de 1920 la romancière américaine Edith Wharton (1862 – 1937) séjourna au Castel Ste Claire.
- Nous redescendons en empruntant la rue Barbacane, la rue Rebaton jusqu’à l’église des Cordeliers.
- Il est midi passé, nous faisons nos adieux à notre guide et allons déjeuner à l’hôtel que nous quitterons pour aller, en début d’après-midi, visiter une exploitation dédiée à la culture des orchidées : « Ambiance Orchidées », chez Virginie Olstrhoorn, 1401 route de Pierrefeu, toujours à Hyères.
Secrets d’orchidées
- Je ne me hasarderai pas à vous indiquer le nombre précis d’espèces d’orchidées dans le monde : elles sont innombrables et des variétés sont continuellement créées; cela pourrait avoisiner le nombre de 30 000.
- L’exploitation a pour but principal d’étudier, de cultiver et de commercialiser la variété Cymbidium dans de vastes serres dont l’éclairage et l’humidité sont scientifiquement mis au point et contrôlés jusqu’à reproduire trois climats.
- On nous a parlé d’autres orchidées dont les Phanélopsis bien connues, de la Miltonia, l’orchidée pensée qui sent bon, des cattleyas chères à Proust, mais c’est le Cymbidium qui est l’objet de tous les soins car il est originaire des montagnes de Chine et ne craint ni le froid ni le plein soleil, contrairement aux autres orchidées.
- L’orchis a été découvert en Grèce, sans doute en 300 avant J-C. Les premiers plants furent rapportés par les botanistes au retour des campagnes militaires. Les orchidophiles sont soumis à la production industrielle depuis 15 ans.
- Dans une orchidée on peu dénombrer trois pétales, et trois sépales. Celle du centre est la « piste d’atterrissage pour les insectes » pour les polliniser. Le pollen est dissimulé dans un petit capuchon qu’il faut ouvrir manuellement, le geste est le même que pour la vanille, elle aussi une orchidée.
- S’ensuivront quelques conseils.
- Pour les Phanélopsis pas de soleil direct, pas moins de 12°C, pas de cache-pot, il faut que les racines reçoivent la lumière, recommandation valable pour toutes les orchidées sauf celles supportant le plein air.
- Les Phanélopsis sont originaires d’Asie du Sud-Est. Elles apprécient un peu d’humidité et la mi-ombre.
- Un arrosage une fois tous les sept à dix jours hors la période de repos.
- Quand la dernière fleur est tombée on sectionne la tige au-dessus de l’œil le plus renflé ; on a 80 % de chances d’avoir une nouvelle floraison sinon on coupe au niveau des feuilles.
- Arrosage à l’eau peu minéralisée et non calcaire ; engrais spécial orchidées.
- Le Cymbidium est originaire de l’Asie tropicale ou subtropicale, de l’Inde, l’Himalaya et l’Australie. La plante est peu sensible aux amplitudes thermiques, elle ne craint pas l’extérieur jusqu’à 4 ou 5°C.
- Les orchidées les plus recherchées sont les blanches et les vertes. Elles voyagent très bien.
- Il faut dix ans pour créer une fleur. On devra attendre trois à cinq ans pour la première fleur.
- La fleur pousse aussi haut qu’elle veut mais pour les emballer on les limite à un mètre.
- On recommande de n’utiliser que la moitié de l’engrais qui est indiqué sur le pot, au cours d’un arrosage sur deux.
- Durée de vie : dix ans.
- Multiplication dans la « pouponnière » de l’exploitation visitée par éclatement du bulbe transplanté sans terre. La plante se dessèche et donne naissance un autre pseudo bulbe.
- Il va sans dire que nous avons été nombreux à faire un arrêt à l’espace de vente.
- J’ai dans ma bibliothèque un magnifique ouvrage sur les « Orchidées démons et merveilles » de Takashi Kijima aux Editions Solar dont le texte est poétique et les photos admirables. »
Et vous, qu’est ce qui vous a marqué durablement à Porquerolles ou Hyères si vous connaissez ?
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